JACQUES-BERNARD MAGNER

20160704numero 2Les critiques et les propositions de la mission Magner contre l’orientation par l’échec.

Chaque année, 130.000 élèves sortent du lycée sans diplôme. Sous la présidence du Puydômois Jacques-Bernard Magner, un rapport sénatorial préconise une réforme radicale de l’orientation scolaire.

Les chiffres révèlent la profondeur de la faille : quelque 130.000 élèves quittent le lycée sans diplôme et 46 % des étudiants n’atteignent pas la 2e année. Pareil bilan a justifié, en 2015, une mission d’information sénatoriale chapeautée par Jacques-Bernard Magner, vice-président de la commission Éducation (PS, Puy-de-Dôme). 

Le rapport sur l’orientation scolaire a été présenté mercredi dernier. Très critiques sur les défauts du système, les parlementaires proposent une thérapeutique radicale, comme l’expose le sénateur puydômois.

Les défauts du système sont-ils si rédhibitoires ?

L’orientation est fondée sur les résultats scolaires obtenus dans les matières générales comme le français et les maths. Elle a tout d’un système de triage des élèves dans des filières dûment hiérarchisées et compartimentées. Aux bons collégiens, le lycée général, la série scientifique ; aux plus faibles les filières du lycée professionnel. Ceux-là sont issus pour la plupart d’un milieu modeste……

Où l’on parle encore et toujours de la revalorisation des métiers manuels …

Quand l’orientation est plus subie que choisie, elle alimente le sentiment d’échec et le décrochage. L’orientation scolaire doit procéder d’un choix éclairé pour favoriser la réalisation d’un projet personnel. Aujourd’hui, l’élève ne s’oriente pas, il est orienté.

Mais comment l’amener à choisir lui-même ?

Il faut d’abord qu’au sein des ESPE (*), les enseignants soient formés au conseil en orientation et sensibilisés au monde de l’entreprise. Nous recommandons pour eux un stage obligatoire en milieu professionnel. Pour les élèves, il est nécessaire de repenser le fameux stage de 3e qui est très inégal selon le milieu social. Enfin, le stage doit être plus long au lycée général et technologique.

Et quid des autres acteurs de l’orientation ?

Pour donner plus de lisibilité et de cohérence au dispositif d’orientation, il serait bien de transférer le Réseau Information Jeunesse ainsi que les Centres d’information et d’orientation (CIO) à la Région qui a la compétence de la formation professionnelle. Il faut un guichet unique ! Quant aux conseillers d’orientation psychologues surchargés – chacun s’occupe en moyenne de 1.300 élèves ! – ils pourront choisir entre le maintien au sein d’un CIO ou la réaffectation au sein d’un réseau d’établissements.

L’orientation est-elle judicieuse au niveau du collège ?

À contrecourant, on la veut le plus tard possible ! Le lycée professionnel pourrait lui aussi avoir sa 2e généraliste à spécialisation progressive. De toute façon, un élève doit avoir le droit à l’erreur par le développement de stages passerelles, de stages de remise à niveau pour passer d’une voie à une autre sans perdre une année.

Que va devenir ce rapport ?

Il fera l’objet d’un débat en séance avec pour objectif l’élaboration d’une proposition de loi.

(*) Ecole supérieure du professorat et de l’éducation. Les ESPE ont remplacé les IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) en 2013. Chaque année, 130.000 élèves sortent du lycée sans diplôme. Sous la présidence du Puydômois Jacques-Bernard Magner, un rapport sénatorial préconise une réforme radicale de l’orientation scolaire.

 

Jean-Paul GONDEAU - LA MONTAGNE (04/07/2016)